jeudi 16 février 2012

[HUMEUR] L'art de grimper l'échelle sociale.



      Trois mois! Trois mois à errer à la recherche de ce graal, celui qui t'offrira sa bénédiction pour enfin, tel Moïse, écarter des deux bras la mer tumultueuse, tueuse d'envie surtout, du chômage et des ses rendez-vous annuels digne des conseils d'orientation de troisième.

   Ceux-là mêmes, alors que passionné par la représentation pulpeuse des cuisses de Vénus dans les cours d'arts plastiques, on te conseilla plutôt de t'intéresser à l'accord du verbe avoir avec le COD. Certes, pour devenir peintre grec, il était trop tard, mais une carrière dans le porno t'aurait tout autant soulagé. 

       Alors par esprit rebelle, c'est sur l'imaginaire logique de i carré que tu fantasmas, tout aussi logiquement, le soir, sous ta couette, ton netbook sur les genoux, à réviser tes cours de maths et plus tard de programmation, caressant du bout des doigts le petit point virgule quand arrivait la fin de l'instruction... Je vous laisse imaginer.

       Et puis vint ce jour de septembre. Ce jour qui désormais résonnera for ever dans ton vide encéphale car c'est ce jour, celui de la rentrée de Master 2 que cette phrase prit tout son sens : "FOU ZALLER TROUFER UN STAACHE, ZALEUTE TEU TAS TEU MERTEUH!". Hey, hardcore, gars.


      S'en suivirent alors trois mois, trois mois à galérer pour trouver ce stage qui ferait ton bonheur, où tu pourrais laisser parler ton talent. Ton talent? Ton art, oui! Ton incroyable perfection si ce n'est ton côté demi-dieu, copie du fils de Zeus, ce qui explique finalement ton penchant pour Vénus.


      Alors, tel Hercule, c'est un périple de travaux qui t'a tendu les bras. Le piston ? Force est de constater qu'au dessus du lot, tu n'étais pas compris par ton entourage. Il fallait faire comprendre à tes parents que oui, pour une fois, tu te débrouillerais tout seul. Première épreuve, et pas des moindres. Derrière une mère so cute, certes, mais so poule finalement, ton père te fusillait du regard avec l'air de dire : "Tu m'as bien pourri près de Dupont (NDFQST : son patron), maintenant, tes services et ton argent de poche, tu peux te les fourrer profond.". Allez, check.


       Puis vint la seconde étape, qualifiée sans peur de bordel social. C'est quoi cette techno ? Et puis surtout, c'est quoi cette sale mission ? Ha merde, j'me suis planté de page... C'est où qu'on revient en arrière ? Ha f*ck!  Bref : la recherche sur le web, entre harcèlement visuel et pornographie publicitaire. Finalement, après trois mois, check quand même! Ho yeah! Viva le présent, viva la vida! Te voilà!


       Revêtu comme un pingouin, avec des pompes taille 46 sans semelles, le monde est à toi ! Tu vas grimper dans l'échelle sociale et telle ta courbe Klout tu vas toucher le doigt de Dieu. T'es dans la place, toi même tu sais.


      Face à toi, ta boîte, ton futur empire où les secrétaires seront toutes à tes pieds, n'admirant ton corps d’Apollon que lorsqu'elles ne seront pas pendues à tes lèvres, étalant ta culture telle de la confiture. Et cette goutte qui coule maintenant sur ton front alors que tu pousse la porte, tu n'en as que faire car d'un geste, tu l'éjectes, envoyant valser avec elle l'infime doute qui vient de se pointer. L'avenir, est à toi. Et ce n'est pas le mastodonte de charisme qui vient t'accueillir, t'écrasant la main au passage, qui viendra te faire chuter de l'unique marche de ton podium.


      "Ha Norbert ! Hey tout le monde, y'a le p'tit nouveau qui vient d'arriver !"


      Mais pour qui il se prend lui ? Tu sais de qui tu parles. Car effectivement, il ne te parle pas. Enfin si. Il te dis un truc.


      "T'as les mains moites, petit."


      Petit ? Petit ? J'ai des pompes tailles 46, mec.


      "Bonjour, monsieur."


      Heureusement, tu te contrôles.


      "Suis-moi, je vais te montrer ton poste. Pour l'équipe, tu verras ça aux pauses".


      Rapidement, tu songes à te faire une liste. Lui il sera en tête d'affiche. La liste des cons. Humant son after-shave, tu emboîtes le pas, déambulant dans les couloirs. Longtemps. Trop longtemps. Tout au bout, une petite porte, tu le sens mal. C'est certain, ça va être pour toi. Trois pas... Deux pas... Un pas... Tiens non, c'était les chiottes. Toi, en fait, t'es juste à côté et t'as pas de porte, mais une espèce de coin comblé par un truc archaïque assez proche du cube tout de même.


      "C'est facile. T'as des feuilles qui vont sortir. Tu regardes le chiffre, quand c'est zéro, tu prends l'agrafeuse et TCHAC, tu mets un bon coup."


      Quoi ?


      "Et puis, quand tu vois qu'il y a rien qui sort, tu te fais la pile, juste à côté là."


      C'est pas possible...


      "Si t'as un soucis, t'as le manuel là."


      Fuck, t'as envie de dire.


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http://www.fjob.fr

2 commentaires:

  1. Baudelaire à du soucis à se faire... :P

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  2. Belle caricature mais pas si loin de la vérité ! Personellement, j'ai pris un stagiaire une fois. Dans ma démarche, je me suis engagé (à titre personnel, un contrat avec moi-même en somme) à lui transmettre ce que moi j'ai appris auparavent : de la technique, une bonne façon de faire, une touche d'autonomie, de la rigueur, de la curiosité et surtout de l'humilité s'il y a lieu (les diplômes sont une chose, l'expérience une autre).

    Alors futur stagiaire qui lira ces lignes ici, avant de "signer" pour un stage, sois sûr que le projet qu'on te propose soit bien ficelé, net, avec des objectifs réalisables qui te permettront de t'enrichir (ce que dois logiquement procurer un stage) sinon tu risques de te retrouver à côté des toilettes, coincé entre le photocopieur et la machine à café... Et n'hésites pas à t'éloigner de papa-maman afin de trouver la perle rare parce qu'il ne faut pas oublier qu'un stage peut déboucher ensuite sur une embauche !

    A bon entendeur !

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